Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Ki-no-ko fungi
29 décembre 2018

p. 72 カマキリ La mante religieuse

 

p 72 Rosenhof mante religieuse

 【絵】La mante religieuse カマキリ
in A. J. Rösel von Rosenhof ローゼル・フォン・ローゼンホフの
「Divertissements entomologiques 」から、1740年ー1761年。

 

     C'est la Prégo-Dièu de Provence, la bête qui prie le bon Dieu, à Sérignan dans son territoire de prédilection. Avec ses membres dégingandés, ses attitudes extatiques, la mante évoque bien, dit le naturaliste, des devineresses en exercice d'oracle, des religieuses en oraison.

     Mais, là où nous pourrions imaginer des intentions bienfaisantes, ces attitudes cachent des mœurs redoutables. Fait particulier dans le groupe des orthoptères qui comporte sauterelles et criquets surtout végétariens, les mantes sont carnivores exclusivement. Qu'une proie se présente à la vue perçante de la mante religieuse, la bête sort de sa totale immobilité, déploie en un éclair ses longs instruments de capture et l'étau se referme sur la victime, laquelle peut être parfois le mâle, pendant ou après que celui-ci a accompli l'acte d'accouplement !  C'est vers la fin août que les mâles se rapprochent de leurs redoutables compagnes. Parade nuptiale et copulation durent longtemps. Et Fabre de nous livrer en détails une bien troublante réalité, un tableau des plus terribles scènes de mœurs :

    « Nous sommes vers la fin d'août. Le mâle, fluet amoureux, juge le moment propice. Il lance des œillades vers sa puissante compagne ; il tourne la tête de son côté, il fléchit le col, il redresse la poitrine. Sa petite frimousse pointue est presque visage passionné. En cette posture, immobile, longtemps il contemple la désirée. Celle-ci ne bouge pas, comme indifférente. L'amoureux cependant a saisi un signe d'acquiescement, signe dont je n'ai pas le secret. Il se rapproche ; soudain il étale les ailes, qui frémissent d'un tremblement convulsif. C'est là sa déclaration. Il s'élance, chétif, sur le dos de la corpulente ; il se cramponne de son mieux, se stabilise. En général, les préludes sont longs. Enfin l'accouplement se fait, de longue durée lui aussi, cinq à six heures parfois.

    « Rien qui mérite attention entre les deux conjoints immobiles. Enfin ils se séparent, mais pour se rejoindre bientôt, de façon plus intime. Si le pauvret est aimé de la belle comme vivificateur des ovaires, il est aimé aussi comme gibier de haut goût. Dans la journée, en effet, le lendemain, au plus tard, il est saisi par sa compagne, qui lui ronge d'abord la nuque, suivant les us et coutumes, et puis méthodiquement, à petites bouchées, le consomme, ne laissant que les ailes. Ce n'est plus ici jalousie de sérail entre pareilles, mais bien fringale dépravée.

    « La curiosité m'est venue de savoir comment serait reçu un second mâle par la femelle qui vient d'être fécondée. Le résultat de mon enquête est scandaleux. La Mante, dans bien des cas, n'est jamais assouvie d'embrassements et de festins conjugaux. Après un repos de durée variable, la ponte déjà faite ou non, un second mâle s'accepte, puis se dévore comme le premier. Un troisième lui succède, remplit son office et disparaît mangé. Un quatrième a semblable sort. Dans l'intervalle de deux semaines, je vois ainsi la même Mante user jusqu'à sept mâles. À tous elle livre ses flancs, à tous elle fait payer de la vie l'ivresse nuptiale.

     « De telles orgies sont fréquentes, à des degrés divers, tout en souffrant des exceptions. Dans les journées très chaudes, à forte tension électrique, elles sont presque la règle générale. En des temps pareils, les Mantes ont leurs nerfs. Sous les cloches à population multiple, les femelles mieux que jamais s'entre-dévorent ; sous les cloches à couples séparés, mieux que jamais les mâles sont traités en vulgaire proie après accouplement.

    « Comme excuse de ces atrocités conjugales, je voudrais pouvoir me dire : en liberté, la Mante ne se comporte pas de la sorte ; le mâle, sa fonction remplie, a le temps de se garer, d'aller au loin, de fuir la terrible commère, puisque, dans mes volières, un répit lui est donné, parfois jusqu'au lendemain. Ce qui se passe réellement sur les broussailles, je l'ignore, le hasard, pauvre ressource, ne m'ayant jamais renseigné sur les amours de la Mante en liberté. Il faut que je m'en rapporte aux événements des volières, où les captives bien ensoleillées, grassement nourries, amplement logées, ne semblent en aucune façon atteintes de nostalgie. Ce qu'elles font là, elles doivent le faire dans les conditions normales.

   « Eh bien, ces événements rejettent l'excuse du délai donné aux mâles pour s'éloigner. Je surprends, isolé, l'horrible couple que voici. Le mâle, recueilli dans ses vitales fonctions, tient la femelle étroitement enlacée. Mais le malheureux n'a pas de tête ; il n'a pas de col ; presque pas de corsage. L'autre, le museau retourné sur l'épaule, continue de ronger, fort paisible, les restes du doux amant. Et ce tronçon masculin, solidement cramponné, continue sa besogne !

   « L'amour est plus fort que la mort, a-t-on dit. Pris à la lettre, jamais l'aphorisme n'a reçu confirmation plus éclatante. Un décapité, un amputé jusqu'au milieu de la poitrine, un cadavre persiste à vouloir donner la vie. Il ne lâchera prise que lorsque sera entamé le ventre, siège des organes procréateurs.

   « Manger l'amoureux après mariage consommé, faire repas du nain épuisé, désormais bon à rien, cela se comprend, dans une certaine mesure, chez l'insecte peu scrupuleux en matière de sentiment ; mais le croquer pendant l'acte, cela dépasse tout ce qu'oserait rêver une atroce imagination. Je l'ai vu, de mes yeux vu, et ne suis pas encore remis de ma surprise. » (Série V, « La Mante. Les Amours ».) [...]

   « L'oothèque (enveloppe de protection des œufs) de la mante, prolifique à l'excès, est une merveille d'agencement et de climatisation pour les œufs ; elle leur permettra, à l'air libre, d'affronter les plus éprouvantes expositions au froid. La femelle émet par l'abdomen une sorte d'écume protectrice, qui en se solidifiant, résiste aux pluies, aux gelées et au vent ; les œufs sont ainsi protégés et passeront l'hiver pour éclore en juin l'année suivante. Peu de descendants, pourtant parviendront au stade d'adultes, et connaîtront à leur tour ces mœurs extravagantes. À peine éclos, beaucoup serviront de nourriture à maints prédateurs, participant à la  « lutte implacable de dévorants et de dévorés », condition générale des vivants.

    Ce fut l'un des plus grands problèmes qui se posèrent à l'esprit de Fabre, que celui relatif à la férocité de l'instinct. Mais il avait en fait déjà exposé à la réflexion de l'enfant une relation harmonieuse entre l'insecte et la tradition provençale. Son oothèque, la tigno, est familier à tous en ce pays où la légende veut que le porter sur soi protège des maux de dents ainsi que des engelures, tandis que les Grecs désignait l'insecte comme le prophète, le divin, rappelle Fabre, et Linné au XVIIIe siècle lui attribue le binôme Mantis religiosa.

Source : Souvenirs entomologiques, Jean-Henri FABRE, 1897, Vᵉ Série, Chapitre 19.

fabre2

    「Prégo-Dièu」はプロヴァンス語で神に祈る虫の意味であり、セリニャンには溢れている。不恰好な四肢、法悦の姿勢のカマキリは、神託を受けた女司祭、祈祷する修道女を思わせる。

      それは慈悲深い虫を思い浮かべるが、この外観は恐ろしい習性を隠している。直翅目の中でも菜食のキリギリスやバッタと違って、カマキリは肉食である。その鋭い目に獲物が映ると、静寂を破って飛びかかり、長い捕獲道具を使って電光石火のごとく捕らえた犠牲者を万力で締め上げる。犠牲者は時には交尾の後の雄カマキリである!8月の末に雄は恐ろしいフィアンセに近ずく。求愛行動や交尾はとても長く、時には6時間にも及ぶ。ファ-ブルはこの虫の驚くべき事実、猟奇的な性犯罪の場面を詳しく語っている。《...最後に彼らは別れるが、それはのちにもっと親密に一緒になるためである。哀れな雄は卵巣に生命を与える者として雌から愛されるが、また上等な獲物としても愛される...愛は死よりも強しと言うが、ことほど左様に格言が見事に言い尽くされたものはない...》(5巻、「カマキリ  -  恋」)。

      カマキリは多産である。保温効果に優れた卵嚢はどんな寒さの厳しいの中でも卵を保護することができる。雌の腹部から滲出される唾のような泡は、固まると風雨や凍結に耐える。こうして卵は護られて冬を越えると翌年6月に孵化する。多くの卵のうち成虫に至るのはわずかであり、ほとんどは孵化したとたん多くの捕食虫の餌となり、生物全般の《食うか食われるかの冷酷な闘い》から免れることはない。

      この残忍な本能という大きな問題についてファ-ブルは考える。しかし彼はすでに、子供が昆虫とプロヴァンスの伝統をうまく調和させていることについて発表している。この地方ではこの卵嚢を tingo と呼び、所持していると歯痛やしもやけにならないといった伝説があり、みんなに親しまれている。古代ギリシャではすでにこの虫を神意の告知者、神であるとファ-ブルは語っているが、リンネは18世紀に Mantis religiosa の二名を付けている。

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Visiteurs
Depuis la création 150 996
Publicité
Publicité