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Ki-no-ko fungi
14 décembre 2019

Les russules toxiques , ça existe : craché-juré !

LA  LETTRE  DE  LA  SMF N°0 mars 2002

FEUILLE D'INFORMATION DES ADHÉRENTS DE LA SOCIÉTÉ MYCOLOGIQUE DE FRANCE

      La généralisation hâtive et la croyance que les frontières protègent de dangers prétendument exotiques sont parfois aussi dangereuses que les toxines elles-mêmes.  " Il n' y a pas de russules toxiques", peut-on lire dans certains guides, et l'on trouve, même sous la plume d'éminents spécialistes, des affirmations telles que: " Il suffit de goûter une russule pour l'adopter sans danger, ou la rejeter si elle est âcre ou amère". En fait, si les Européens n'ont pas couru grand danger jusqu'ici avec les russules, c'est aussi peut-être parce qu'elles sont dédaignées par les ramasseurs, surtout le sous-genre Compacta qui est le plus suspect sur le plan toxicologique.

   Hélas, non seulement les russules mortelles existent bien, mais elles ont la chair douce! En 1954, le mycologue japonais Tsuguo Hongô, chargé d'enquête à la suite du décés d'une personne à Kyoto, retrouve des russules blanches dans les restes du repas. En 1958, deux nouveaux décès, dans des localités différentes, près d'Osaka, permettent de préciser le lieu de récolte, et une russule, ressemblant à Russula nigricans, est incriminée. La forme et la couleur sont très semblables, mais cette nouvelle espèce rougit sans jamais noircir à la coupe. Hongo la nommera Russula subnigricans, mais le russulologue Toshiho Ueda distingue aujourd'hui trois ou quatre "variétés" inédites dans le "complexe subnigricans".

   Ainsi, pour la première fois au monde, une russule figure sur la liste des espèces mortelles. Toutefois, la rareté de ces espèces aidant, aucune intoxication n'a été signalée depuis. On songe alors à d'éventuels pesticides, mais en 1992 les chimistes Takahashi et coll. isolent six ethers chloro-phényl (Russuphelin A- F) dans le champignon et mettent en évidence leur toxicité sur la cellule. Puis, à Taïwan en 1998, neuf personnes souffrent de nausées, vomissements et diarrhées avec agitation deux heures après avoir partagé une soupe aux russules.  Deux  d'entre elles présentent, en plus, une rhabdomyolyse et une insuffisance rénale sévère. Russula subnigricans est incriminée une fois de plus, mais cette fois avec une affection encore inconnue en mycotoxicologie: la nécrose des muscles striés ou rhabdomyolyse, qui fera encore parler d'elle peu de temps après avec les intoxications causées par le bidaou en France.

 

 


Basidiomycota / Homobasidiomycetes / Russulales / Russulaceae
Stipe : 3-6 x 1-2,5 cm, égal ou atténué à la base, plus pâle que le chapeau, discrètement ridulé longitudinalement, plein.
Chair épaisse, dense et dure, blanche, rougissant à la coupe, mais sans noircir comme R. nigricans Fr.

   Mais il y a plus inquiétant. Jusqu'ici, aucun champignon goûté et recraché n'avait provoqué de troubles sérieux. Or, en juin 2001 à Kumamoto, il a suffi à deux ramasseurs de goûter et de recracher un petit morceau de "russule sans lait" pour souffrir pendant 10 jours d'un oedème de la langue et de la bouche, accompagné de paresthésies de tout le corps avec affaiblissement général. Comble de traîtrise, la saveur était agréable! Ce champignon apparaît comme un sosie de Russula japonica Hongo, une Russula delica à lames extrême­ment serrées et étroites, réputé comestible...

Russula japonica シロハツモドキ (Toxique) 毒 - Ki-no-ko fungi

Basidiomycota / Homobasidiomycetes / Russulales / Russulaceae
Synonymes: R. pseudodelica ss. Hongo, non Lange Chapeau : 6-14 (20)cm, convexe mais avec le centre déjà déprimé, puis en entonnoir (mais moins creusé que R. delica qui est dite "en liseron"). Surface sèche, lisse ou finement poudrée, d'abord blanc puis jaune sordide à brun sale.


   C'est "dur à avaler", mais les faits sont là: le test gustatif pratiqué par les ramasseurs ne peut plus être considéré comme tout à fait inoffensif.

   Le Japon est bien loin, me direz-vous, mais les espèces toxiques ne sont pas arrêtées par les frontières. À preuve, ce que nous présentions naguère  comme une "Curiosité mycologique : un champignon tortionnaire japonais : Clitocybe acromelalga Ichimura " (Bull. Soc. Mycol. France 105 (3), p. 131-132) était déjà présent à notre insu dans l'Hexagone, puisque une espèce voisine, Clitocybe amoenolens, allait infliger des tortures bien françaises et encore plus durables. L'enquête montra d'ailleurs que des intoxications plus anciennes avaient été signalées dans la même région plusieurs années auparavant. On ne sait pas grand-chose, admettons-le.               

   Alors, la prudence, tant sur le terrain que sur le papier, s'impose.

Daniel Guez, Hiroshima (Japon)

"Aucune Russule n'est toxique ?... avant consommation!"

R. subnigricans

Mushroom foragers die of food poisoning
A photo of a nisekurohatsu mushroom. (Photo courtesy of the Mt. Horaiji Natural History Museum in Aichi Prefecture)

TOYOHASHI, Aichi -- Two people died from organ failures after eating hand-picked poisonous mushrooms, local health officials said on Saturday.

Officials of the Toyohashi Health Office said that a man and a woman, both in their 60s, picked the mushrooms in a mountainous area in Toyohashi on Aug. 24 and added them to miso soup later that day.

The two suffered from vomiting and diarrhea about 30 minutes after consuming the mushrooms, called nisekurohatsu in Japanese, and received treatment at hospital.

The woman died late Friday, followed by the man's death early Saturday.

Health officials suspect that the two mistook mushrooms they picked as edible ones.

"It's very dangerous for non-experts to pick edible ones," one of the officials warned.

Earlier in 1993, two people died after eating poisonous mushrooms in Nagoya. (Mainichi)

Russula subnigricans64 (2)
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Commentaires
K
Merci beaucoup !
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W
intoxication dune famille de 7 personnes par R. subnigricans en 2013 également<br /> <br /> <br /> <br /> CPK élevé et myalgies <br /> <br /> <br /> <br /> DOI: 10.1016/j.wem.2015.03.027 · Source: PubMed<br /> <br /> Russula subnigricans Poisoning: From Gastrointestinal Symptoms to Rhabdomyolysis<br /> <br /> July 2015Wilderness and Environmental Medicine 26(3)
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