Mycène à socle (stylobates) et M. amicta
par M. Marcel Josserand, Bulletin de la Société mycologique de France, XLIX, 1955 pp. 340-376
Notes critiques sur quelques champignons de la région lyonnaise.
Mycena stylobates. Bien que n'étant pas une des plus petites du genre, cette espèce de la section des Basipedes se flétrit si promptement qu'on ne la récolte guère en parfait état qu'immédiatement après les pluies d'été ou, mieux encore, pendant ces pluies. Une demi-journée plus tard, ses caractères sont moins visibles et la détermination moins sûre.
Elle a été correctement décrite par Fries sous le nom d'Agaricus stylobates Pers.. Les poils rares du chapeau qui, on le verra plus loin, ne constituent pas une pubescence vraie, lui ont fait appliquer au péridium l'épithète appropriée de "sub-pileux" ; d'autre part, il mentionne le disque basilaire.
Ce doit être le stylobates de Gillet, mais sa description est médiocre sur plus d'un point. Il ne le figure pas. Les descriptions de Quélet (Jura et Vosges et Flore) sont satisfaisantes. Son M. echinulata (17e Suppl.) en paraît terriblement voisin et il semble difficile de le conserver comme espèce distincte.
Berkeley (Out'lines) le décrit et le figure très passablement sous le nom d'Agaricus (Mycena) stylobates.
Cooke le décrit brièvement et le figure à peu près bien quoique en exagérant un peu les poils piléiques.
Rea en donne une bonne diagnose, à l'exception des spores qui sont fausses (4 x 2 µ) et sont sans doute copiées dans Massee.
Patouillard l'a figuré et décrit, mais il est muet sur les poils du chapeau. Sans doute ne l'a-t-il récolté par la pluie, mais le lendemain et déjà modifié !
C'est dans Velenovsky que nous trouvons la meilleure description de notre espèce. Voici celle que nous avons prise sur les échantillons de la région lyonnaise où elle n'est pas rare.
Nous la donnons sous le nom de Mycena stylobates sensu Fries, Quélet, Berkeley, Cooke, Rea (sauf les spores), Patouillard (médiocre), Velenovsky (!). Synonyme probable : M. echinulata Quél.
Caractères macroscopiques :
- Chapeau 4-8-(12) mm, naissant d'un bulbe discoïde ; l'adulte est conico-campanulé et plan à la fin, à peine mamelonné, assez fragile, très mince, hygrophane, sec sauf par temps humide où il se gélifie superficiellement (peu) et devient légèrement visqueux ; variant du blanc à blanc sale plus ou moins lavé de fuligineux pâle ; orné sur les sujets jeunes et frais, et surtout au centre, de quelques poils rares, courts, grossiers et dressés, hyalins et fugaces. Marge sub-droite, striée par transparence. Cuticule indiscernable, sauf par temps très humide où elle se gélifie un peu.
- Chair subnulle, blanc sale.
- Lames assez serrées, 1-3 lamellules ; simples, étroites, légèrement ventrues, libres ou sinuées en pointe, blanches ou blanc sale. Arête entière et concolore.
- Pied assez fragile, très grêle, 20-40 x 1 mm, canaliculé, hyalin ou hyalin-grisonnant ; sec, poli et luisant sous une pruine assez grossière mais fugace ; naissant d'un bulbe discoïde de 1-2 mm de diamètre qui est fortement strié par des faisceaux de poils apprimés, disposés radialement.
- Spores en faible masse : blanches.
Caractères microscopiques :
- Basides 4-sporiques.
- Spores (7)-7,5-8,5 (9,5) x 3,4-3,7-(4) µ, elliptiques ou largement cylindracées ; sommet hémisphérique.
- Pleurocystides nulles.
- Cheilocystides assez nombreuses, hyalines, polymorphes (cf. fig. 1), cylindracées ou +- étirées ou fusiformes renflées ou même boutonnées comme des cystides de Conocybe ; 20-35 x 4-8 µ.
- Poils de chapeau formés d'hyphes superficielles agglutinées en aiguillons grossiers de dimensions variables ; 50-200 x 5-10 µ.
- Poils de pied (caulocystides) hyalines,+- groupés en touffes, variables, flexueux, fusiformes etc., 30-70 x 4-6 (12) µ.
- Trame des lames formée de gros éléments celuleux (courts boyaux de 15-30 µ diam.).
Odeur et saveur légèrement raphanoïdes.
Habitat et localités - Sur feuilles mi-pourries de Quercus. Région lyonnaise, notamment le Pré-Vieux (Tour de Salvagny; Rhône) Juin. - Bois de la Cluison (idem), Juillet-Août.
Observations - La particularité de cette espèce réside dans les poils de son chapeau. Ils sont aussi malaisés à voir au microscope que faciles à distinguer à la loupe. La raison en est simple : ce ne sont pas poils individualisés, des piléocystides dans le genre de celles qui se trouvent chez quantité d'espèces : Naucoria arvalis, Collybia clavus (sensu Quél.), Marasmiellus torquescens, Marcrocystitidia (Naucoria) cucumis, Coprinus ephemerus, etc. ; ce sont des étirements aciculaires et dressés de la très légère viscosité superficielle. Cette viscosité, d'ailleurs peu prononcée, est cependant encore perceptible sur le jeune adulte récolté par temps humide ; elle se concrétise en de brefs aiguillons grossiers que l'on voit sans peine à la loupe ou même à l'oeil nu si l'on a le privilège d'une légère myopie ; sous le microscope, ils ont tôt fait de se dissocier dans l'eau de la préparation ; on peut cependant se rendre compte qu'ils sont formés d'un faisceau d'hyphes superficielles +- gélifiées et agglutinées.
Ces poils rares et grossiers, joints au bulbe strié, sont les deux meilleures caractéristiques de ce Mycène follicole.
Mycena stylobates (Pers.:Fr.) Kummer Mycène à socle
Sur feuilles, plus rarement sur aiguilles et autres débris végétaux.
Chapeau 3-10 mm, blanc à grisâtre. Lames blanchâtres. Stipe concolore au chapeau, base typiquement pourvue d’un disque strié à canneléetciliéau bord.
Spores 7-11 x 3,5-5 μm.
A comparer avec:
- M. mucor: sur feuilles de chênes, chapeau jusqu’à 4 mm, base du stipe seulement bulbeuse, et en cas de doute la microscopie peut faire la différence;
- M.bulbosa: sur carex et joncs;
- M.aciculata (= M.longiseta) : rare espèce sur débris de feuillus, conifères ou plantes, chapeau grisâtre à grisbrunâtre pâle nettement pubescent(loupe) ;
- M.rhenana:souvent sur chatonsd’aulnes, parfois sur noisettes, glands dechênes ou bogues de châtaignes.Cette espèce, sans grand problème d'identification, peut se rencontrer à différents moments de l'année, après les pluiesou durant les périodes humides. Parfois dès le mois de mai et les mois d'été, mais plus communément l'automne jusqu'en novembre
The gills appear closely spaced in unexpanded caps, but usually more distant in old individuals. Between 8 and 16 gills extend from the margin to the stipe; there are additionally one or two tiers of small gills that do not reach fully from the margin to the stipe. The gills are narrow but become ventricose and sometimes very broad in age, and are attached by a line or are very narrowly adnate. Sometimes the gills split away from the stipe while remaining attached to each other; in this way they form a collar around the stipe. Gills are pale gray but soon become whitish, with even edges. The stipe is 10–60 mm long, 0.5–1 mm thick, and, above the level of the flat circular disc at the base, is equal in width throughout. The stipe is covered with fine white scattered fibrils, or is delicately pruinose , but it later becomes smooth. Its color is bluish-gray when fresh but soon it fades to gray. The basal disc is grooved and pruinose or covered with fine minute hairs, but soon becomes smooth. The insubstantial fruit bodies are considered inedible.The spores are 6–10 by 3.5–4.5 μm, narrowly ellipsoid, and faintly amyloid. The basidia are four-spored, rarely two-spored. The pleurocystidia are not differentiated. The cheilocystidium are abundant and variable in structure, usually club-shaped with between two to five thick obtuse projections that arise from near the apex, sometimes more or less covered with numerous protuberances over the enlarged portion and the neck more or less contorted. They measure 26–38 by 8–13 μm, and are hyaline. The gill flesh is made of greatly enlarged cells, and stains pale vinaceous in iodine. The flesh of the cap has a pellicle which usually gelatinizes in potassium hydroxide or water mounts prepared for microscopy. The surface hyphae are covered with short rodlike projections. Sometimes some of the hyphae become aggregated into peglike structures that project from the surface, and cause the appearance of scattered coarse spines on the cap when viewed under a 10X magnifying lens. The tissue beneath the pellicle is made entirely of greatly enlarged cells, which appear pale vinaceous in iodine stain.
The mycelia of this Mycena, when grown in pure culture, is bioluminescent, a phenomenon first reported in 1931. The fruit bodies are not known to be bioluminescent.
Distribution
The fruit bodies of Mycena stylobates grow scattered or in groups on oak leaves or coniferous needles, in the spring and summer or early autumn. It is common during warm, wet seasons. Mycena specialists Elias Fries, Lucien Quélet, Robert Kühner, Marcel Josserand, Alexander H. Smith etc, have collected it in France, Tennessee, Michigan, Idaho, and Washington in the United States, and in Nova Scotia and Ontario in Canada. It is more typically found in Europe, including Grande Bretagne (before Brexit), Denmark, Italy, Switzerland, Germany, Norway, Poland, Romania, Scotland, Serbia, Sweden, Turkey. Although it has been reported several times from Australia, mycologist Cheryl Grgurinovic concluded in a 2003 publication that the records "are best regarded as erroneous", like most of them in this phallocratic Olympic and Guiness recording...Habitat
The fruit bodies of Mycena stylobates grow scattered or in groups on oak leaves or coniferous needles, in the spring and summer or early autumn. It is common during warm, wet seasons. ''Mycena'' specialist Alexander H. Smith has collected it in Tennessee, Michigan, Idaho, and Washington in the United States, and in Nova Scotia and Ontario in Canada. It is also found in Europe, including Britain, Denmark, Germany, Norway, Poland, Romania, Scotland, Serbia, Sweden, and Turkey. Although it has been reported several times from Australia, mycologist Cheryl Grgurinovic concluded in a 2003 publication that the records "are best regarded as erroneous".Quant à la synonymie de cette espèce, elle gravite autour des noms suivants : M. iris, marginella, mirabilis, calorhiza, cyanorhiza, cyanobasis, etc. La plupart de ces noms sont douteux parce qu'appuyés sur une description insuffisante. Fries " l'a vu vivant " et en donne une description dans laquelle on peut reconnaître notre espèce. Il ajoute postérieurement un Agaricus iris dont il n'a vu que des figures et un A. marginellus dont il n'a eu en vain que des exsiccata (et qui n'a rien de commun avec le vrai marginellus de Persoon [Omphalia marginellus (Pers.) Joss. et Maire, Bulletin de la Société Linnéenne de Lyon, 1931, n°15]
Caractères macroscopiques :
Chapeau 6-9-(12) mm, d'abord glandiforme mais vite conico-campanulé ; non hygrophane ; viscidule,