p. 76-77 コガネグモ類 Les araignées
Les épeires* コガネグモ類
(*) Épeire est un nom francisé ambigu [du Grec επι (epi, "au-dessus") et de ειρω (eiro, "fil, tissage"), littéralement "sur la toile", en référence aux capacités de ces araignées à tisser les toiles classiques verticales en spirale avec rayons.] désignant de nombreuses espèces autrefois regroupées sous le genre d’Epeira puis d’Araneus.
Quelques chapitres des Souvenirs entomologiques sont consacrés, non pas aux insectes au sens strict, mais à quelques arthropodes à huit pattes, scorpions et autres arachnides. Les épeires, araignées familières de nos jardins, font partie de cette faune ; Fabre a décrit et commenté les moeurs de diverses espèces et leur a consacré plusieurs chapitres. Dans l'un d'eux, une épeire anguleuse a filé son réseau entre deux lauriers-tins. Le matin, elle a quitté le centre de la toile pour se cacher dans un repaire diurne. La moindre vibration d'un fil avertisseur lui signale la présence de la proie captive que, sans doute, elle ne voit pas. Et pourtant, si le vent seul agite le réseau, " les frémissements moléculaires " ne sont pas ceux de l'animal pris au piège ; elle ne réagit pas.
" Des six Épeires objet de mes observations, deux seulement, la fasciée et la soyeuse, se tiennent constamment sur leurs toiles, même aux ardeurs d'un violent soleil. Les autres ne s'y montrent, en général, qu'à la nuit close. A quelque distance du filet elles ont, dans les broussailles, une retraite sommaire, une embuscade formée de quelques feuilles que rapprochent des fils tendus. C'est là que le jour, le plus souvent, elles stationnent, immobiles et recueillies.[...] D'ailleurs la nappe à gluaux, malgré les déchirures de la nuit, est d'ordinaire en état de servir encore. Si quelque étourdi s'y laisse prendre, l'Araignée, retirée au loin, ne saura-t-elle profiter de l'aubaine ? N'ayons crainte. A l'instant elle arrive. Avertie comment ? Expliquons l'affaire.
La trépidation de la toile, bien mieux que la vue de l'objet, donne l'éveil. [...] Sur les gluaux d'une Épeire fasciée, je dépose un Criquet mort [...] l'Épeire persiste dans son immobilité, même quand le morceau est en face d'elle, à une faible distance. [...] Alors, avec une longue paille, qui me permet de me dissimuler un peu, je fais trembloter le mort.
Il n'en faut pas davantage. L'Épeire fasciée et l'Épeire soyeuse accourent de l'aire centrale, les autres descendent de la ramée ; toutes vont à l'Acridien, l'enveloppent de rubans, le traitent enfin comme elles l'auraient fait d'un gibier vivant, capturé dans les conditions normales. Il a fallu l'ébranlement de la toile pour les décider à l'attaque.[...] Tant que la pièce est immobile, l'Araignée ne s'émeut ; mais du moment que le paquet tremble, agité par ma paille, elle accourt empressée.
Derrière la toile d'une Épeire quelconque à cachette diurne, regardons attentivement : nous verrons un fil qui part du centre du réseau, monte en ligne oblique hors du plan de la nappe et aboutit à l'embuscade où se tient l'Araignée pendant le jour. Sauf au point central, nul rapport entre ce fil et le reste de l'ouvrage, nul entrecroisement avec les cordons de la charpente. Libre de toute entrave, le trait va droit du centre du filet au pavillon d'embuscade. Sa longueur est d'une coudée en moyenne. L'Épeire angulaire, haut établie dans les arbres, m'en a montré de deux à trois mètres.
A n'en pas douter, ce fil oblique est une passerelle qui permet à l'Araignée de se rendre à la hâte sur la toile lorsque des affaires pressantes l'y appellent, et puis, la tournée finie, de rentrer dans sa hutte. C'est, en effet, le chemin que je la vois suivre, allant ou revenant. Mais est-ce tout ? Non, car si l'Épeire avait uniquement pour but une voie de rapide parcours entre son pavillon et le filet, la passerelle se rattacherait au bord supérieur du réseau. Le trajet serait plus court, et la pente moins rapide.
En outre, pour quel motif ce cordon a-t-il invariablement son origine au centre du réseau visqueux, jamais ailleurs ? Parce que ce point est le lieu de concours des rayons, et de la sorte le centre commun des ébranlements. Tout ce qui remue sur la toile y transmet ses trépidations. Il suffit alors d'un fil issu de ce point-central pour porter à distance l'avis d'un gibier se débattant en un point quelconque de la toile. La cordelette oblique, hors du plan de la nappe, est mieux qu'une passerelle ; c'est avant tout un appareil avertisseur, un fil télégraphique. (Série IX, "Les épeires. Le Fil Télégraphique".)
昆虫記には数章を割いて昆虫ではないが八足の節足動物のクモ類、サソリ類などが記述されている。オニグモ類は私達の庭ではふつうに見ることができる。ファ-ブルは六種の習性について書いている。そのうちの一種、トゲオニグモは二本のガマズミの間に網を張った。翌朝このクモは、網の中心部から警報装置である一本の丈夫な糸を引いて昼間の隠れ場に身を潜めた。この紐によって、網に掛かった獲物のわずかな振動でもすぐに察知することができる。風が網を揺らしただけでは蜘蛛は身じろぎもしない。この紐は呼び鈴というよりは通信線であり、ファ-ブルは次のように記している《これは音の元である分子の振動を伝える電話と同じである...蜘蛛はそれを足で聞く[ ...]掛かった獲物の振動と単に風による振動を区別するすることができる》(9巻、「コガネグモ類:電信線」)。
【絵】コガネグモ。L'épeire in A. J. Rösel von Rosenhof ローゼル・フォン・ローゼンホフの
「Divertissements entomologiques 」から、1740年ー1761年。
Il existe un chapitre consacré à la géométrie de la toile. Tant l'épeire soyeuse que l'épeire fasciée, si abondante à l'Harmas en automne, forment des toiles aux rayons équidistants, à angles pratiquement égaux, dont le nombre dépasse parfois quarante. Se construit alors le filet qui divise la surface en de multiples secteurs. Le résultat est une belle rosace digne d'un ingénieux compas. D'un secteur à l'autre, angles aigus et angles obtus ne changent pas de valeur. L'ensemble constitue une série admirable de traverses parallèles que coupent les rayons selon les angles dont la valeur est invariable. Ainsi nos araignées réalisent-elles la spirale logarithmique, courbe coupant obliquement et sous des angles de valeur constante, l'ensemble des rayons vecteurs s'irradiant depuis le pôle. Il y a là, dit le naturaliste, une approximation très nette de la rigueur mathématique.
Les épeires savent cerner le pôle de plus en plus près. Eadem mutata resurgo ; je ressuscite identique à moi-même, a fait écrire sur sa tombe Bernouilli, auteur du savant théorème sur la spirale génératrice. Pour l'araignée, une simple figure géométrique dit le nom précis de son auteur, explique Fabre. De la même façon, Cicéron cherchant parmi les ronces et les herbes folles la tombe d'Archimède, la reconnu au cylindre circoncit à la sphère qui figurait sur la tombe. Autant que nous en dit la construction de l'araignée, la courbe d'une ammonite, relique des débuts de la vie, nous enseigne une longue histoire d'une grande rigueur, lorsque s'ébauchait le monde de la terre ferme.
" L'Épeire est donc versée dans les secrets géométriques de l'Ammonite et du Pompile ; elle pratique, en la simplifiant, la ligne à logarithmes chère à l'Escargot. Quel est son guide ? Nul moyen d'invoquer ici un tortillement quelconque, comme on le fait au sujet du Ver, ambitieux de devenir Mollusque. Il faut nécessairement que la bête ait en elle-même le tracé virtuel de sa spirale. Jamais le hasard, si fécond que nous le supposions en surprises, n'a pu lui enseigner la haute géométrie où notre intelligence, sans forte culture préalable, ne tarde pas à s'égarer." (Série IX, "Les Epeires. Géométrie de la toile".)
蜘蛛の網の幾何学模様についての章もある。アルマスには秋になると頻繁に見られるアカオニグモやナガコガネグモの網は、ほとんど等距離で等間隔の放射線が40本を越えることもある。この扇形の骨組みの上に蜘蛛は網を張っていく。その結果は精巧なコンパスで測ったような図形である。この網の角は鋭角と鈍角の二種しかなく、この全体の一連の横線が放射線と交差する角度はいつも同じである。蜘蛛は「対数螺線」を使って、つまり中心から放射している動径をいつも斜めに同角度で交差する曲線を作る。ファ-ブルは《数学的厳密さではないが、きわめてそれに近い》と言っている。
コガネグモ類は自分が極点に接近しながら廻っていることを知っている。この螺線についての素晴らしい定理の大数学者ベルヌイーは自分の墓に「Eadem mutata resurgo ー まったく同じ自分に生まれ変る」と刻ませている。蜘蛛の場合、網の幾何図形を見ただけで誰が作者であるかすぐに分かるように、アルキメデスの墓を探していたキケロも、いばらや雑草の生い茂った中に、球に外接した円筒形の図形が刻まれた墓を見つけるとすぐにそれと解った。蜘蛛の網の建築と同様、アンモナイトの等角螺線は、生物の陸上生活が始まった時からの長くて厳しい歴史の記念碑である。
《クモは自分の中に螺線の型紙を潜在的に持っているはずである。偶然にはいかに多くの予測し難い出来事があるにしても、この高度な幾何学をクモに教えることはできない。それは人間の知性でも、特別な教養を強化しないかぎりすぐに誤った方向にいってしまう》(9巻、「コガネグモ類ー クモの網の幾何学」)。
Mais encore, de même qu'une pierre lancée décrit une courbe, la descente du fil de l'araignée s'accomplit suivant cette trajectoire qui a pour nom la parabole. Les mêmes réflexions la supposant roulant sur une droite infinie, le foyer de la courbe décrit une chaînette, ligne fort simple mais au puissant symbole algébrique. La chaînette est présente partout où la flexibilité et la pesanteur apparaissent à la fois : cordon souple abandonné à lui-même ; voile gonflée par le vent, le symbole réapparaît sur le simple fil d'araignée.
Comme aux premières heures de ses observations, en plus de remarquables données scientifiques consacrées aux moeurs des araignées, Fabre nous redit la géométrie, " c'est-à-dire l'harmonie dans l'étendue, préside à tout. Elle est dans l'arrangement des écailles d'un cône de pin comme dans l'arrangement des gluaux d'une Épeire, elle est dans la rampe d'un Escargot, dans le chapelet d'un fil d'Araignée, comme dans l'orbite d'une planète ; elle est partout, aussi savante dans le monde des atomes que dans le monde des immensités."
A travers les chapitres consacrés aux araignées, surtout les études des épeires, Fabre manifeste son admiration devant l'harmonieuse perfection avec laquelle ce groupe organise sa vie, perfection de ses outils, de la toile, de ses moeurs. L'expérimentation apporte à ce sujet une large part, mais surtout ; alors que, bien souvent à propos de différents insectes; l'entomologiste conclut en soulignant la rigidité des moeurs, ces textes sur les araignées nous livrent des commentaires très intéressants quant à la flexibilité de l'instinct.
もっと重要なことは、投げられた石でさえ曲線を描き、クモの下がった糸も放物線というこの軌道に従って実現する。もしこの放物線が無限の直線上を移動すると仮定して、放物線の焦点は垂曲線と呼ばれる非常に簡単な線を描くが、その代数記号はきわめて複雑である。この垂曲線は、たるんだ柔軟なロ-プや風をはらんだ帆のように、重さと柔軟さが一緒に働いた時は、クモの一本の糸のようにどこにでも現われる。
これらの章にはクモの習性について注目すべき科学的資料が多いが、その中でファ-ブルは虫の観察を始めた頃と同様に幾何学について触れている。《幾何学とはつまり空間の調和であり、それは全てに君臨している。松笠の麟の配置にも...惑星の軌道にも存在している。幾何学は分子の世界から宇宙の世界までいたる所に存在する》(9巻、「コガネグモ類ー クモの網の幾何学」)。
クモ特にコガネグモ類についての章には、ファ-ブルはこのグループの完全さや調和のとれた道具、網、習性などについて感嘆している。クモのこの素晴らしい能力はファ-ブルの実験によって明らかになった。他の多くの昆虫についてはファ-ブルは本能の限界を強調するが、クモの章に関しては本能の柔軟性が記されている。