Noms japonais de champignons porés (6) par Rokuya Imazeki
III. Noms d'espèces standards et vernaculaires (suite)
D. Champignons porés (polypores)
1. Ganoderma lucidum(Fr.) Karst., sensu auct. Jpn.
Mannen-také 万年茸, マンネンタケ, Champignon de Dix-mille ans.
- Kadodé-také (Yamaguchi, Kyôto). 門出茸, カドデタケ, « Champignon du départ », de la coutume de suspendre le champignon au seuil de la maison quand un membre de la famille partait en voyage, pour lui souhaiter bonne chance.
- Kichijô-také (Mié). 吉祥茸, キチジョウタケ, « Champignon du bonheur ».
- Mago-jakushi (Fukushima, Miyagi). 孫杓子, マゴジャクシ, « Louche de petit-enfant ».
- Néko-jakushi (Edo : Ancienne Tôkyô). 猫杓子, ネコジャクシ, « Louche de chat ».
geste de la louche
Un maneki-neko est une statue traditionnelle japonaise en céramique ou en porcelaine, représentant un chat assis et levant la (ou les) patte(s) au niveau de l'oreille, et que l'on trouve fréquemment sur les devantures des magasins, près des caisses dans les centres commerciaux, dans les salons de , etc. - Otama-jakushi (Kanagawa). 御玉杓子, オタマジャクシ, « Louche à soupe ».
- Reishi (Kyôto). 霊芝, レイシ, « Champignon divin, ou du Saint-esprit ». Reishi est la lecture japonaise du chinois 灵芝 / 靈芝, prononcé ling chih [] en Chine.
- Saïwaï-také (Mié, Koumamoto). 幸茸, サイワイタケ, « Champignon porte-bonheur ».
- Tengu-jakoushi (Kanagawa). 天狗杓子, テングジャクシ, « Louche de lutin-à-long-nez ».
- Yama-no-kami no shakushi (Wakayama). 山の神の杓子, ヤマノカミノシャクシ, « Louche du Dieu de la montagne (forêt) ».
Si on tient ce champignon par la base de son long pied, avec la tête en bas, montrant sa face inférieure concave, la ressemblance avec une louche est flagrante. D'où les nombreux noms vernaculaires intégrant le mot louche. Sur le plan ésotérique, Ganoderma lucidum a une longue réputation et usage de talisman ou de symbole de porte-bonheur.
2. Grifola frondosa S.F. Gray, Polyporus frondosus Fr.
Maï-také 舞茸, マイタケ, Champignon qui fait danser.
- Kumo-také [kumo take]. 雲茸, クモタケ, « Champignon nuage ». Il figure sous ce nom dans le celèbre ouvrage de materia medica publié par Ono Ranzan en 1803 (an 3 de l’ère Kyôwa) : 本草綱目啓蒙 [Honzô Kômoku Keimô] (Traité raisonné de phytopharmacologie, les fameux "commentaires" sur l'ouvrage illustré de médecine traditionnelle chinoise de Li Shih-chen, datant du XVIe siècle, Pen-ts'ao Kang-mu).
- Kurofu (Yamagata). 黒斑, クロフ, « Taché de noir ».
- Kuro-maï (Yamagata). 黒舞, クロマイ, « Grifola noir ou Maître à danser noir ».
Dans le Konjaku Monogatari, compilé au XIe siècle, figure un conte (traduit par Gordon Wasson dans Mushrooms and Japanese Culture) au sujet de nones qui, s'étant perdues en forêt et tenaillées par la faim, mangèrent des champignons appelés maï-také, à la suite de quoi elles furent prises d'une irrésistible envie de danser. C'est l'unique mention d'un champignon extraordinaire dans la littérature japonaise. Faute de description, les indices permettant de l'identifier se limitent à son nom et à de prétendus effets après ingestion. On a émit récemment l'hypothèse que les maï-také du Konjaku Monogatari, aient été des champignons hallucinogènes. Trois espèces hallucinogènes ont été recensées au Japon :
- Panaeolus papilonaceus (笑茸, ワライタケ, waraï-také, « Champignon rieur, ou hilarant »),
- Psilocybe (Stropharia) venenata (痺茸, シビレタケ, shibiré-také, « Champignon paralysant » ou 笑茸擬, ワライタケモドキ, waraï-také modoki, « Faux waraï-také ») et
- Gymnopilus (Pholiota) spectabilis (大笑茸, オオワライタケ, Oo-waraï-také, « Grand waraï-také »).
Les deux dernières espèces causent fréquemment des intoxications, mais affirmer que le champignon nommé maï-také dans le conte soit l'une de ces espèces n'est que pure spéculation.
Dans la littérature mycologique classique, on trouve le nom de maï-také toujours associé à Grifola frondosa, espèce non-hallucinogène. L'explication donnée est que le mycophage qui découvre ce champignon au pied d'un gros chêne, où l'on peut facilement en récolter une belle quantité, se mette à danser de joie. Cette interprétation est confortée par l'émotion des récolteurs contemporains, tant devant l'esthétique de ses formes, la grande taille de ses touffes, que ses qualités gustatives. Celui qui en trouve ne divulgue jamais ses stations, les gardant jalousement aussi secrètes que les sources de Marcel Pagnol ! Depuis que cette espèce a pu être cultivée à grande échelle par l'équipe de Hokuto, elle est disponible toute l'année en supermarché, et les danseurs doivent se faire rares!
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3. Meripilus giganteus (Pers. : Fr.) Karsten, Polyporus g. Fr.
Tonbi-Maï-také 鳶舞茸, トンビマイタケ, Maïtaké Milan, ou Grifola Milan.
- Doyô-maï-také (Yamagata). 土用舞茸, ドヨウマイタケ, « Grifola de la Saint-Jean ».
- Natsu-maï-také (Yamagata). 夏舞茸, ナツマイタケ, « Grifola d'été ».
- Tobi-také (Akita, Niigata, Yamagata). 鳶茸, トビタケ, «Champignon Milan ».
Ce champignon pousse de juin à août. Tonbi ou Tobi est le nom japonais du milan noir de Sibérie (Milvus melanotis).
4. Dendropolyporus umbellatus (Pers. : Fr.) Jül., Polyporus umbellatus Pers. : Fr.
Grifola umbellata (Pers. : Fr.) Donk, Polyporus chuling Shirai,
Chorei-Maï-také 猪苓舞茸, チョレイマイタケ, Maïtaké Crottes-de-sanglier.
Chorei est le nom chinois du sclérote de ce champignon, qui ressemble effectivement à un pétoulier de crottin.
- Tsuchi-maï-také (Yamagata). 土舞茸, ツチマイタケ, « Maïtaké de terre »
4. Laetiporus sulfureus (Bull. : Fr.) Murrill, var. miniatus (Junghuhn) Imaz.
Masu-také 鱒茸, マスタケ, Champignon truite.
Avant de devenir le nom national de l'espèce, c'était l'appellation commune dans le département de Niigata.
- Aïkawa-také. 藍皮茸, アイカワタケ, « Champignon de cuir ».
- Akanbô (Yamagata). 赤ん坊, アカンボウ, « (Pt'it rougeaud) Bébé ».
- Fukuchi (Yamagata), Fukuji (Fukushima, Aomori), Hoguchi (Akita). フクチ, フクジ, ホグチ, sont autant d'altérations patoisantes de l'allume-feu: 火口 (Hokoutchi) [Hokuchi] ホクチ, « Amadou ».
- Hi-goké (Gifu, Aïchi). 火木毛, ヒゴケ, « Champignon à feu ».
- Hokuchi-Kinoko (Iwaté), Hokuchi-také (Gifu). 火口木の子, 火口茸, ホクチキノコ, ホクチタケ, « Amadouvier ». Ce nom figure dans le Shinyô Kinpu de Tchikan Itchioka ( Atlas illustré des champignons de la région de Shinyô [ partie de Nagano]) de1799, ainsi que dans la révision de 1861 du Shijifu (Traité des champignons), par Kôken (Jakousô) Yoshida,
Dans les années soixante, des champignons étaient encore utilisés comme allume-feu dans diverses régions de l'archipel. Le plus communément utilisé est le polypore soufré et sa variété, ou plus rarement Tyromyces sambuceus. Par contre, le traditionnel amadouvier d'Europe et de Sibérie, Fomes fomentarius, pourtant pas rare au Japon, n'est pratiquement jamais mentionné comme allume-feu.