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Ki-no-ko fungi
1 janvier 2019

p. 74-75 Les cigales 蝉

     La cigale, notre cacan* et plusieurs autres espèces voisines, toutes inséparables de la tradition provençale, sont depuis longtemps entrées dans la légende. A leur propos, le fabuliste La Fontaine, qui par ailleurs relata tant de légitimes histoires d'animaux, ne fut guère ici valeureux naturaliste et leur prêta des moeurs bien légères, fort éloignées de la réalité.

(*) « de moitié moindre que la Cigale commune, porte dans le pays le nom de Cacan, imitation assez exacte de sa façon de bruire. C'est la Cigale de l'orne des naturalistes, beaucoup plus alerte, plus méfiante que la première. Son chant rauque et fort est une série de can ! can ! can ! can ! sans aucun silence subdivisant l'ode en strophes. Par sa monotonie, son aigre raucité, il est des plus odieux, surtout quand l'orchestre se compose de quelques centaines d'exécutants, ainsi que cela se passe sur mes deux platanes pendant la canicule. On dirait alors qu'un amas de noix sèches est ballotté dans un sac jusqu'à rupture des coques. L'agaçant concert, vrai supplice, n'a qu'un médiocre palliatif : la Cigale de l'orne est un peu moins matinale que la Cigale commune et ne s'attarde pas autant dans la soirée.» source : Souvenirs entomologiques, Jean-Henri FABRE, 1897, Vème Série, Chapitre 16.

     Fabre rétablit la vérité, en tant que savant et en poète, et réécrit une version de la fable en langue provençale, légitime celle-là ; car chez La Fontaine, la morale se trouvait offensée, tout autant que l'histoire naturelle. Ceux qui vivent à longueur d'année au pays des cigales savent que celles-ci sont totalement absentes l'hiver et qu'elles n'ont jamais eu besoin de recourir à autrui pour subsister. Tout au contraire, c'est en fait la fourmi qui exploite la cigale, sait au besoin la dévaliser. Notre cigale, avec son rostre, aux heures les plus chaudes, les plus accablantes de l'été, fore l'écorce des arbres et s'y abreuve de sève. D'autres insectes, des cétoines, des guêpes comme les sphex, des pompiles ou des fourmis exploitent parfois ces forages, allant jusqu'à se glisser sous le ventre de la cigale, celle-ci étant assez débonnaire pour accepter leur si abusive présence.

      プロヴァンスの伝統と切り放すことのできない我々の象徴である蝉は、昔から伝説に語られている。寓話作家のラ・フォンテーヌは動物を使ってうまく寓話にしたが、蝉については優れた観察者ではなかった。蟻に比べて蝉を軽薄者として扱かったのはまったく事実と異なっている。

      ファ-ブルは科学と詩を駆使して真実を回復させた。ラ・フォンテーヌが自然史だけではなく道徳をも侮辱したことに義憤を感じたファ-ブルは、プロヴァンス語で正しい寓話を書き直した。蝉の近くに住んでいる人は誰でも、冬には蝉はまったく姿を見せず、また生き残るために誰の助けも必要としないことを知っている。反対に蟻は搾取者であり、蝉から奪う。真夏のやりきれない暑さの時間に、蝉は口吻で樹皮を穿孔して液を吸い上げて飲む。ハナムグリ、アナバチ、ベッコウバチなどや特に蟻がその井戸を横取りする。時には腹の下まで潜り込んでくるものに、やさしい蝉はその横暴を受入れる。

無題-01

【絵】La cigale plébéienne (Provence, Languedoc, Italie) in Caspar Stoll, 1788
Cicada plebeia Linn.
【トネリコゼミ】。プロヴァンス、ラングドック、イタリア。
カスパー・ストル  から、1788年。パリ、国立自然史博物館。

 

 

 

       

Stoll_Cicaden_pl07Planche VII de Caspar Stoll, Natuurlyke en naar 't leeven naauwkeurig gekleurde afbeeldingen en beschryvingen der cicaden, in alle vier waerelds deelen Europa, Asia, Africa en America huishoudende, by een verzameld en beschreeven door Caspar Stoll, édité par Jan Christiaan Sepp, Amsterdam, 1788

 

     Vers le solstice d'été, précise Fabre, apparaissent les premières cigales.

     J'entends les premières Cigales vers le solstice d'été. Un mois plus tard, l'orchestre atteint sa pleine puissance. Quelques retardataires, fort rares, exécutent de maigres solos jusqu'au milieu de septembre. C'est la fin du concert. Comme la sortie de terre n'a pas lieu pour toutes à la même époque, il est clair que les chanteuses de septembre ne sont pas contemporaines de celles du solstice. Prenons la moyenne entre ces deux dates extrêmes, et nous aurons environ cinq semaines.

Depuis le sol et après quatre années écoulées sous terre, des larves sans ailes pourvues de parties robustes et fortement armées qui leur ont permis de creuser en profondeur sur plusieurs dizaines de centimètres, remontent vers quelque rameau ou tronc ensoleillé pour subir leur mue. Les adultes, ailés, d'abord fragiles, d'un blanc laiteux, accomplissent là une cure de consolidation et de bronzage après le long séjour souterrain où, pâles et aveugles larves, ils étaient privés de la lumière du jour.

     Alors, les mâles des cigales chantent ! car à la base de l'abdomen, des opercules cachent un bruyant appareil sonore. Dans la région de Sérignan, comme dans tout le Comtat Venaissain, cinq espèces de cigales s'appellent ainsi, communiquant chacune par des messages originaux, puis s'accouplent. Les femelles adultes insèrent leur ponte, les confiant à des rameaux secs**.

(**) La Cigale commune confie sa ponte à de menus rameaux secs. [...] Outre le mûrier, je trouve à mon tour le pêcher, le cerisier, le saule, le troène du Japon et autres arbres. Mais, ce sont là des raretés. La Cigale affectionne autre chose, il lui faut, autant que possible, des tiges menues, depuis la grosseur d'une paille jusqu'à celle d'un crayon, avec mince couche ligneuse et moelle abondante. Ces conditions remplies, peu importe le végétal.  Je passerais en revue toute la flore semi-ligneuse du pays si je voulais cataloguer les divers supports qu'utilise la pondeuse. Je me borne à signaler en note quelques-uns d'entre eux, pour montrer la variété d'emplacements dont la Cigale dispose : Calamititha nepeta, Hirschfeldia adpressa.

Fin octobre, ces oeufs éclosent, donnent des larves primaires, qui très vite muent en larves normales, minuscules, qui aussitôt s'enfouissent dans le sol, se nourrissant du suc des racines, vivant au ralenti à la mauvaise saison et cela pendant quatre années avant de livrer l'adulte. Le nouvel adulte à son tour va boire au soleil, en compagnie de la fourmi, le savoureux suc des branches. Et le naturaliste de conclure : « Quatre années de rude besogne sous terre, un mois de fête au soleil, telle serait donc la vie de la Cigale. Ne reprochons plus à l'insecte adulte son délirant triomphe. Quatre ans, dans les ténèbres, il a porté sordide casaque de parchemin ; quatre ans, de la pointe de ses pics, il a fouillé le sol ; et voici le terrassier boueux soudain revêtu d'un élégant costume, doué d'ailes rivalisant avec celles de l'oiseau, grisé de chaleur, inondé de lumière, suprême joie de ce monde. Les cymbales ne seront jamais assez bruyantes pour célébrer de telles félicités, si bien gagnées, si éphémères. » (Série V, « La Cigale. La Ponte. L'Eclosion ».)

     昆虫学者によれば、夏至の頃に一番蝉が泣き始めるという。4年間の地下生活をした幼虫に羽の必要はなかったが、ものものしく武装した肢は数十センチの穴を掘り上がり、木や植物を見つけるとそれに登って脱皮を始める。地下での光のない白っぽくて盲の幼虫から、成虫になったばかりの乳白色で弱  しい体を日光浴で黒くし強化する。

      遂に雄蝉は歌い始める!腹部にある蓋板の中にやかましい発声装置を持っている。セリニャンやプロヴァンスの全域には5種類の蝉がいるが、そのいずれも独特の鳴き声をしている。トネリコゼミの雌は枯れた小枝に卵を産みつける。10月の終りに卵が孵化すると、狭い通路を這上がってくるために一時的な姿をした微小な幼虫が出てる。ファ-ブルはそれを「第一幼虫」と呼んだ。脱出のマントを脱いだとたん普通の形の幼虫となり、落下するとたちまち土の中に潜っていく。成虫になるまでに、土の中で根の汁を吸って4年間を過ごし、寒さの厳しい季節には半冬眠の生活をする。成虫になったばかりの蝉は親のように太陽の下で、美味しい樹液を飲みに行く。ファ-ブルは言う《地下で大変な仕事を4年間、太陽の下でひと月の享楽、これが蝉の一生である。だから、勝利に熱狂したといって成虫を非難するのはもうやめよう》(5巻、「蝉:産卵、孵化)。

       Fabre a consacré de longues observations, écrit plusieurs chapitres sur la cigale. A cela il y avait bien des raisons. C'est d'abord l'insecte qui chante et que chante la Provence. Au cours de l'été, il est présent partout, accessible à tous. Fabre le mêle à la fois à ses colères et à ses plaisirs. A ses colères parce que le chant strident qu'elle ne cesse de produire dans le grand platane devant le cabinet de travail, exaspère le chercheur qui a besoin de silence pour mener à bien ses réflexions. A ses plaisirs, parce que la cigale lui livre bien des secrets, parce qu'elle participe aussi aux joies d'autres découvertes, sinon aux surprises et au bonheur de la vie familiale : " L'antique renommée culinaire [de la larve de cigale] , l'appétissante épithète suavissima gustu, sont-elles méritées ? [...] remettons en honneur, s'il y a lieu, le mets vanté par Aristote. A l'unanimité, c'est reconnu mangeable. Il est vrai que nous sommes gens de bon appétit et d'estomac sans préjugé aucun. Cela possède même un petit goût de crevette qui se retrouverait, plus accentué encore, dans une brochette de criquets. Mais c'est coriace en diable, pauvre de suc, un vrai morceau de parchemin à mâcher. Je ne recommanderai à personne le mets glorifié par Aristote. (Série V, " La Cigale. La transformation".)

      ファ-ブルは蝉について長い観察の後に数章を書いたが、それにはいくつかの理由があった。先ず、蝉はふるさとのプロヴァンスを歌い、プロヴァンスも蝉を賛歌している。もう一つの理由は、この地方では夏になると蝉はどこにでもいる。ファ-ブルの生活の中に良きにつけ悪しきにつけ蝉は深く関与している。悪しきとは、仕事場の前の大きなプラタナスの木で休みなく続く耳を聾する鳴き声は、静寂と集中が必要な研究中のファ-ブルを苛立たせる。喜ばしいこととは、蝉は彼に多くの秘密を教えてくれ、蝉について面白い古書の発見にも寄与してくれた。また家族にとっても「蝉料理」という楽しい経験もあった。《アリストテレスによれば、蝉はギリシャ人にとって大好物であった[ ...]『蝉の母』の殻あるいは外皮が裂ける前の蝉は味が絶妙である[ ...]古代に有名だったこの料理は『味はきわめて甘美』という形容に本当にふさわしいだろうか?》。家族全員で「蝉の母」を取りに行って、それを夕食に玉葱と少しの油でいためて食べて見た。《みんなの意見は一致して、食べられると認めた。しかし実を言えば、我々は好き嫌いのない胃を持ち、食べることが好きである。それはえびの味でさえあるが、バッタの串焼きのほうがもっとその味が強い。しかしそれにしてもなんて堅いのだ!汁気がなく本当に羊皮紙を噛んでいるようだ。アリストテレスが賞賛したこの料理は誰にも勧められたものではない。》(5巻、「蝉:変身」)。

 

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【写真】Cigale plébéienne mâle chantant son appel nuptial sur une branche de cerisier 桜の枝で歌っているトネリコゼミの雄。
L'Harmas juillet 1984 アルマス、1984年7月。

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